La Main Etrangère.

Ma meilleure ballade c’était la traversée de Paris, le Dimanche matin.

De la Porte d’Orléans jusqu’aux puces de Saint-Ouen, tout le trajet à pied.

En ces moment-là, je me sentais hors du temps. Seul dans Paris qui dort encore.

À mi- trajet, sur le Pont Saint Michel, je m’accordais une halte.

Je regardais la Seine et parfois j’avais l’impression d’entendre les voix de tous ceux qui ont péri dans ses flots.

La Seine semblait si paisible, je m’oubliais pour un moment.

En marge du monde et en parallèle du temps.

Un peu plus loin, à l’angle d’une rue du quartier latin, j’avais croisé une Japonaise.

Une jeune femme sortie de nulle part.

- Vous !... Vous êtes Algérien ! , me lança-t-Elle.

Ah bon, comme si je l’ignorais. L’algérianité me colle à la peau, elle me consume de l’intérieur.

Mais je la trouvais étrangement curieuse cette rencontre.

- Dites-moi… Ma curiosité s'était affutée… à quoi le voyez-vous ?

- À votre dégaine ! me répondit-elle.

- Ah bon… Qu’est-ce qu’elle a ma dégaine ?, lui demandai-je.

Sans me répondre, elle s’en est allé, suivit d’un sloughi, qu’elle tenait au bout d’une laisse.

Par pure précaution, j’avais rejoint un grand boulevard, pour m’examiner dans une vitrine.

Je m’étais ausculté sous tous mes angles et coutures, il n’y avait rien de travers.

Encore plus loin et un peu plus tard, dans un bistrot.

Un vieux Titi parisien, vint vers moi et me dis.

- T’en fais pas mon petit loup, ce n’est rien, tu verras, toute lasse, tout passe et au bout tout casse !

Il est fou ce Parigot, pensais-je.

La jeune femme japonaise hanta mon esprit longtemps.

Comment cette inconnue a su que je pouvais être Algérien.

Putain, c’est horrible…

En 2029, quand j’ai fêtais mes 70 ans, j’ai su que les Japonais avaient un plan pour déstabiliser les Algériens…

Putain de main étrangère.